Compte-Rendu de la journée
- Fonctionnement et contraintes des systèmes insulaires
On dénombre 200 000 îles dans le monde. 11 000 d'entre elles sont habitées et représentent 11% de la population mondiales (730 milions de personnes).
Les îles comme la Corse sont dites zones non interconnectées (ZNI). Ces zones ne peuvent pas (ou peu) s'appuyer sur un réseau et une source d'énergie de taille lointaine en cas de déficit local d'énergie. Les coûts de production de l'énergie y sont élevées et le mix très carboné (présence de générateur diesel pour sécuriser l'approvisionnement par exemple), comparativement à la situation continentale. Une solution pour palier ces difficultés est de développer la production locale d'énergie, celle-ci reposant sur des sources renouvelables (éolien, hydraulique, solaire, etc.). Cela constitue un défi en soi, auquel les chercheurs de l'Université de Corse et d'Athènes présents sont confrontés : l'intermittence de la production d'énergie, la problématique de son stockage et la gestion de la distribution de l'électricité sont des problématiques qui requiert un pilotage plus fin de l'énergie, notamment par le développement d'algorithmes de gestion.
Or, le système énergétique connait aujourd'hui une transformation remarquable : de dispositifs de production d'énergie à grande échelle et d'un réseau centralisé de distribution vers des consommateurs d'énergie passifs, nous évoluons vers des dispositifs de production d'énergie multiples et dispersés connectant notamment des pro-consommateurs (consommateurs et producteurs à la fois).
Aussi part-on du principe partagé que si l'on résoud la problématique énergétique dans les îles, on la résoud partout ailleurs. Et des premiers travaux menés dans l'île grecque de Tilos, bien que réalisés à petite échelle, sont prometteurs.
Pour aller plus loin:
- Réseaux électriques insulaires et énergies renouvelables intermittentes par Gilles Notton
- Le système énergétique de la Corse et les politiques de gestion de l'énergie (SRCAE et PPE) par Judicaël Ambach-Albertini
- Le projet européen (Hoziron 2020) Tilos par Dimitris Zafirakis
- Les îles à l'aune de la transition énergétique
Affaire d'un secteur d'activité, l'énergie devient l'objet de politiques de développement territorial impliquant citoyens et élus vers la réduction des consommations énergétiques (éclairage public, rénovation des habitations, actions ciblées sur les réfrigérateurs...) et le développement des énergies renouvelables (photovoltaïque sur toiture, hydrolien, éolien, méthanisation...).
Les obstacles peuvent être nombreux, les premiers ayant trait à la réglementation : protection du paysage, Zones Natura 2000, monuments historiques... Ceux-ci sont certes nécessaires mais peuvent faire l'objet de dérogations lorsque le bon sens s'applique. Par exemple, sur une île du Ponant, le captage d'eaux pluviales assurée par un dispositif en béton a été remplacé par un dispositif constitué de panneaux photovoltaïques; ceux-ci assurent la double fonction de captage des eaux pluviales et de conversion de l'énergie solaire en électricité lorsque le temps le permet. Le constat partagé est qu'il est nécessaire de gagner en efficacité et de penser les complémentarités entre domaines d'activité, liées à l'énergie.
Le champ de l'énergie faisant l'objet de nombreuses innovations, se pose aussi la question du passage de l'innovation "de laboratoire" à son application, sa mise en marché. Cette transition repose sur une prise de risque que les clients, notamment élus de collectivités, n'acceptent pas toujours de prendre. Elle repose aussi sur la mise à disposition de subventions par les institutions publiques dont les critères de financement rendent parfois inéligibles les projets les plus novateurs ou prometteurs. Résultat : des subventions qui ne trouvent pas preneur et des porteurs de projets qui peinent à financer la mise en marché de leur innovation.
Pour aller plus loin:
- Les îles du Ponant - Bilan de 10 ans d'engagements pour la transition énergétique par Denis Bredin
- La prospective réalisée par l'ADEME sur l'autonomie énergétique en Corse
Aujourd'hui, les îles sont des grandes importatrices de ressources fossiles, du fait du poids du transport et de la production d'électricité qui est carbonée. Le message demeure donc constant à l'issue de cette journée : la meilleure énergie est celle que l'on ne consomme pas. A ce titre, EDF par le biais de son directeur régional propose de travailler avec ses partenaires (ADEC, AUE, ADEME) à une campagne de promotion en faveur de la modération énergétique et des écogestes (comme l'extinction nocturne des enseignes lumineuses commerciales).
L'heure est au changement de paradigme. Il reste encore de nombreuses solutions à imaginer et à viabiliser. A cette fin, Anne-Marie Perez, directrice de Capénergies, propose de constituer un accélérateur de projets qui permette de gagner en synergie entre fonds publiques et initiatives liées à la transition énergétique en Corse.